Présentation du paratexte
Thomas Farnaby, le destinataire du poème, est un personnage à la vie mouvementée
qui fut soldat, navigateur et professeur. L’auteur du poème, Ben Jonson, le loue
d’avoir accompli sa tâche, l’édition des tragédies latines, avec des qualités de
clarté et de brièveté manifestes.
Le poème est en sénaires iambiques.
Traduction : Pascale PARE-REY
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Comedias trusatilis Plauti
mola1
sermone festiuo dedit, quali uelint
ipsae, latine si uelint, musae loqui.
Tragoedias Farnabii ludi mola
latias poliuit quas Camoenae exaudiant,
pronuncient dii, utiliter homines legant,
postquam lucerna illius his lucem dedit :
ueri Cleanthis. Namque nocturnus lacus
exantlat, autores criticaque uolumina
euoluit, ut ualeat diurno munere
defungi. Et illo functus has fundit notas
sagax, acutus, fidus, interpres, breuis.
La meule à bras a donné les comédies de Plaute
au style spirituel, tel qu’elles-mêmes le souhaiteraient,
si les muses souhaitaient parler latin.
La meule de l’école de Farnaby 2
a poli les tragédies latines pour que les Camènes les écoutent,
les dieux les prononcent, les hommes les lisent avec profit,
après que la lanterne de cet homme, un vrai Cléanthe3,
leur a donné lumière. Et en effet le sombre lac
épuise tout, emporte en roulant auteurs et volumes
critiques, pour pouvoir s’acquitter de la mission du jour.
Et s’en étant acquitté, il a compilé ces notes,4
en commentateur pertinent, fin, fidèle et bref.
Ben Jonson
Ben Jonson
1. Gell., Noct. 3.3.14. L’anecdote de Plaute,
désargenté, aurait été obligé de travailler pour un boulanger de
tourner une « meule à bras » est aussi dans Pla1472_Merula_p2 et Pla1522_Crinitus_p1.
2. Jeu de mots, établissant un lien
entre la profession de Farnaby, maître d’école (ludus) et la meule de
Plaute (mola) : (Jonson 1996), §35.
3. Au lieu d’une
comparaison entre Sénèque et Cléanthe, philosophe stoïcien, c’est ici
Farnaby qui lui est comparé.
4. Se termine ici un jeu de
répétitions sémantiques et sonores entre les termes
defungi,
functus et
fundit.